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Société

Affiche des JO 2024 : ceux qui rejettent la nation nous livrent à nos ennemis

CHRONIQUE. Un détail de l'affiche officielle des Jeux olympiques de Paris, récemment dévoilée, a été particulièrement remarqué : l'absence de croix sur le dôme des Invalides. Un choix idéologique qui s'inscrit, selon l'essayiste et chroniqueur Paul Melun, dans le mouvement d'effacement des symboles et de l'Histoire de la nation française.

Paul Melun , Mis à jour le
Le dôme des Invalides (à gauche) a été dépouillé de sa croix dans l'affiche officielle des Jeux olympiques (à droite), réalisée par l'artiste Ugo Gattoni.
Le dôme des Invalides (à gauche) a été dépouillé de sa croix dans l'affiche officielle des Jeux olympiques (à droite), réalisée par l'artiste Ugo Gattoni. ABACA / © Abdullah Firas

En effaçant la croix sur le dôme des Invalides au profit d’une flèche, ceux qui ont réalisé l’affiche des Jeux olympiques ont effectué un choix politique majeur, celui de gommer délibérément un symbole de la France. Cela n’aurait aucune importance s’il ne s’agissait que d’un geste hasardeux, subversif ou créatif de la part de l’artiste, mais ça n’est pas le cas. Les motivations de ce geste relèvent bien davantage de l’idéologie que de la liberté artistique.

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L’appartenance à la nation française est pourtant le fondement de notre pays depuis bien longtemps. Si l’affirmation patriotique se rattachait au roi et à Dieu sous l’Ancien Régime, c’est au drapeau tricolore qu’elle s’est convertie depuis l’avènement de la République. Rien de honteux donc, à revendiquer notre étendard et l’ensemble des symboles qui font la France. Sous la IIIème République, ses symboles faisaient d’ailleurs consensus de Waldeck-Rousseau à Ferry en passant par Jaurès puis Blum. Si l’on s’opposait sur l’avenir de la France, nul ne remettait en cause son existence en tant que nation, au profit de quelques autres organisations.

Depuis la grande révolution mondialiste, la nation est attaquée de toutes parts

Aujourd’hui comme hier, et quelle que soit notre appartenance politique, nous devrions tous nous accorder sur une chose simple qu’est la permanence de la nation, sa primauté. Car elle est une condition indispensable à tout le reste. Une fois cela garanti, tous les débats sont possibles. Que l’on soit de gauche, de droite, croyant, athée, conservateur ou progressiste… On consacre ce principe fondamental : la France doit demeurer vivante, nous survivre. 

Or depuis la grande révolution mondialiste, la nation est attaquée de toutes parts. À droite au nom du marché, de la finance ou de la construction européenne qui efface les nations. À gauche au nom de l’ouverture au monde, du progressisme et des libertés individuelles. Ici commence notre déclin. Un pays dont les élites ont renoncé à défendre la nation, où ceux qui poursuivent sa défense doivent le faire en catimini, sous l’opprobre moral du camp du bien, se condamne à disparaître. 

Rome ne s’éteint pas seulement des invasions barbares, elle était déjà morte avant

Nul empire, nul royaume, nul État n’est immuable. Nous n’existons que lorsqu’une majorité de citoyens demeure attachée à nous défendre. L’Histoire enseigne que le rejet et la négation des fondements culturels des civilisations précèdent bien souvent leur disparition. Rome ne s’éteint pas seulement des invasions barbares, elle était déjà morte avant. 

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Mais alors d’où vient la négation de la nation ? Quelles passions peuvent-elles bien conduire un peuple à s’autodétruire ainsi ? De quelle pulsion la détestation de soi est-elle le nom ? Pour répondre à cela, il faut effectuer la généalogie du sentiment antinational en France et en Europe. 

La première raison est probablement de l’ordre de l’inconscient collectif. Traumatismes ultimes, les deux guerres mondiales ont profondément marqué les peuples européens et leurs élites. Au sortir de ces chocs, et principalement de la guerre de 1939-1945, le nationalisme et ses déclinaisons mortifères (fascisme, nazisme, pétainisme…) ont légitimement été identifiés comme les figures du mal absolu. Ces idéologies mortifères ont durablement souillé le sentiment national.

La logique du « plus jamais ça » a abouti à la construction européenne, à l’effacement progressif des nations et à l’abaissement de leurs frontières, perçues comme responsables des millions de morts. Les décennies qui ont suivi la guerre ont chacune effacée un peu plus l’échelon national, les identités, les cultures. Chaque fois que ceux-là s’affaiblissaient, un consensus se dégageait pour saluer un progrès vers la paix. 

Certes, un homme refusait cet effacement. Héros du 18 juin 1940, de Gaulle avait pour lui la légitimité de sa conduite irréprochable face aux idéologies de mort durant la guerre. Sa définition du sentiment national allait à rebours de l’effacement des nations déjà amorcé. 

Mais un homme ne peut pas empêcher la marche de l’Histoire à lui tout seul. Le gaullisme et son patriotisme sans concessions ont été balayés dès mai 1968 et les années qui ont suivi ont utilisé le traumatisme des guerres comme prétexte à l’effacement des nations. Un chantage cynique s’est alors installé. Tout rappel à la religion, aux racines ou à l’identité devenait suspect par essence. Cette bataille culturelle a légitimé les politiques mondialistes. Prise au piège, la nation ne pouvait survivre.

L’effacement des nations d’Occident sera la mort de la démocratie, des libertés et de la paix

Le wokisme est le dernier avatar de ce cycle, l’ultime clou dans le cercueil de culpabilité des vieilles nations européennes. Il additionne les traumatismes : colonisation, Seconde Guerre mondiale… Toute l’histoire de l’Occident est sujette à l’auto-détestation. Petits-enfants de leurs ancêtres soixante-huitards, les bébés woke poursuivent l’œuvre de destruction de leurs maîtres à penser (tout en finissant par les effacer eux-mêmes). Les élites mondialistes laissent faire tant que cela ne dérange pas le marché. 

C’est ainsi que les symboles de la nation sont partout effacés. Condamnées à la pénitence éternelle les nations occidentales devraient s’autodétruire au profit de leurs ennemis, et ainsi achever leur chemin expiatoire. Voilà un bien funeste destin pour ces nations dont les enfants veulent effacer les frontières, les drapeaux, la religion. 

Ceux qui croient, par cette négation de soi, aller vers un monde meilleur n’auront guère que le chaos. L’effacement des nations d’Occident sera la mort de la démocratie, des libertés et de la paix. Car à nos portes, nos ennemis eux sont des nationaux. Leur patriotisme exacerbé, leur fanatisme religieux parfois, les engagent à reprendre ce vieux continent détesté par ses propres enfants. Le péril nous guette.

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