Pour notre chroniqueur Jacques Julliard, la séquence actuelle sur la réforme des retraites démontre une chose : que la gauche démocratique et républicaine, ou la « social-démocratie », est la grande absente de la scène politique et sociale. Pourtant, c'est bien elle qui pourrait s'emparer de la question du travail, au cœur des préoccupations depuis le Covid-19.
Pendant trois mois, l’union de tous les syndicats autour de la CFDT et de la CGT avait accompli cette espèce de miracle : tenir la crise sociale provoquée par le projet de réforme des retraites en dehors du jeu politique traditionnel. Du jour où l’exécutif a fait appel à l’article 49 alinéa 3 de notre Constitution, la politique a repris ses droits. Sans doute cet article avait-il été conçu, au sein des institutions de la Ve République, pour résoudre des crises de ce genre, mais les Français ont un rapport très particulier, unique au monde, à leurs institutions : chacun d’eux estime avoir le droit d’en réclamer le changement chaque fois qu’elles contrarient ses projets. C’est la défaite posthume du général de Gaulle, on n’y peut rien.
